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L’ÂME DANS LA GEMME

Ilian voulut regarder Ymryl dans les yeux en mourant, dans ces yeux qui étaient désormais ceux d’Arioch.

Mais elle en vit l’éclat se ternir alors qu’il les promenait autour de lui, ébahi. Et elle l’entendit dire :

— C’est fini, donc ? Nous rentrons chez nous ?

Il semblait contempler un décor qui n’était pas celui de Garathorm. Et il souriait.

Ilian tendit la main vers sa lame, la referma sur la poignée, en poussa de toutes ses forces la pointe contre Ymryl, vit le sang jaillir, l’étonnement s’inscrire sur les traits de l’homme alors qu’il s’estompait, se fondait à son tour comme Arioch dans le néant.

Ilian se releva, étourdie, ne sachant si elle avait tué Ymryl, comprenant qu’elle ne le saurait jamais.

Katinka van Bak gisait non loin, le corps barré d’une grande blessure rouge, le visage exsangue, le souffle court. Ilian s’approcha.

— L’épée d’Hawkmoon, l’entendit-elle dire, l’Épée de l’Aurore. Cette lame pouvait requérir l’aide de guerriers d’un autre plan, d’une autre époque. Se pourrait-il qu’une épée semblable ait mandé Ymryl… ?

Elle paraissait à peine consciente de ce qu’elle disait.

Soutenu par Yisselda d’Airain, Jhary-a-Conel sortit en boitant du nuage de poussière soulevé par la bataille. Il était blessé à la jambe, une simple entaille peu profonde.

— En fin de compte, Ilian, vous nous avez sauvés, dit-il. Comme se doit de le faire le Champion Éternel ! (Il sourit.) Comme il ne fait pas toujours, cependant, dois-je admettre.

— Vous avoir sauvés, moi ? Certes non. Je n’ai même pas d’explication pour ce qui s’est passé. Ymryl a disparu.

— Vous avez tué Kalan, lequel était à l’origine des circonstances ayant entraîné la venue d’Ymryl et des autres à Garathorm. Kalan mort, la déchirure dans le multivers peut entamer un processus de cicatrisation dont la première étape est de replacer Ymryl et tous ceux qui l’ont servi dans leurs ères respectives. Ce qui vient de se produire, j’en ai la certitude. Ces temps sont étranges. Pour moi presque autant que pour vous. Je suis habitué à des dieux exerçant leur volonté souveraine… et ce que je viens de voir d’Arioch… il n’est plus rien maintenant. Les dieux meurent-ils dans tous les plans ? Je me le demande.

— Il n’y a jamais eu de dieux sur Garathorm, dit Ilian.

Elle se pencha pour soigner Katinka van Bak, espérant que la plaie fût moins sérieuse qu’elle ne le paraissait. Mais elle l’était plus encore. Katinka van Bak se mourait.

— Donc, ils sont tous partis ? demanda Yisselda qui ne se rendait toujours pas bien compte à quel point leur amie était gravement blessée.

— Tous, y compris les cadavres, répondit Jhary en fouillant dans la pochette accrochée à sa ceinture. Voilà qui va l’aider. Cette potion supprime la douleur.

Ilian porta la fiole aux lèvres de Katinka van Bak, mais la guerrière détourna la tête.

— Non. Cela va me faire dormir. Je veux garder conscience du peu de vie qui me reste. Et je dois rentrer.

— Rentrer où ? À Virinthorm ? demanda doucement Ilian.

— Non. Chez moi. Par-delà les Montagnes Bulgares. (Katinka chercha le regard de Jhary.) M’y emmènerez-vous, Jhary ?

— Il nous faut une litière, dit-il, puis se tournant vers Lyfeth qui les avait rejoints : Les vôtres pourraient-ils nous en confectionner une ?

— Tu es encore en vie ? fit Ilian d’une voix distraite. Comment est-ce possible ? J’étais persuadée que vous couriez à la mort…

— Le peuple de la mer ! expliqua Lyfeth qui s’éloignait aider à la fabrication de la litière. Tu ne les as pas vus ?

— Le peuple de la mer ? Non. Je n’avais d’yeux que pour ce démon…

— À l’instant où Jhary a sauté dans le camp d’Ymryl, nous avons aperçu leurs bannières. C’est pourquoi nous avons choisi ce moment pour attaquer. Regarde !

Elle s’était arrêtée de couper des branches, le doigt tendu entre les arbres.

Et Ilian sourit en découvrant des guerriers armés de fusils-harpons et dont les impressionnantes montures évoquaient des phoques géants. Elle n’avait eu que de rares contacts avec le peuple de la mer mais savait qu’il s’agissait de gens fiers, qu’ils étaient forts et chassaient les baleines du grand océan montés sur leurs bêtes de selle amphibies.

Pendant que Yisselda pansait les plaies de Katinka van Bak, Ilian s’avança remercier leur chef, le Roi Treshon.

Il mit pied à terre et fit une gracieuse révérence.

— Gente dame, dit-il. Ma reine. (D’un âge fort avancé, il n’en était pas moins alerte, et ses muscles roulaient sous sa peau bronzée. Sa tenue – haubert de mailles sans manches et kilt de cuir – ne différait en rien de celle de ses hommes.) Maintenant, nous allons pouvoir ressusciter Garathorm.

— Étiez-vous au courant de notre combat ?

— Non. Nos espions concentraient leur surveillance sur Arnald de Grovent dans la mouvance duquel avaient fini par échouer ceux qui s’étaient emparés de nos cités. Apprenant qu’il marchait contre Ymryl, nous avons jugé le moment opportun et décidé de frapper pendant qu’ils étaient divisés, occupés par un assaut sur leurs frontières terrestres…

— Exactement ce que nous avons fait ! s’exclama Ilian. Pour l’un comme pour l’autre, c’est une chance que nous ayons arrêté la même stratégie.

— Il faut avouer que nous avons été bien conseillés, dit le Roi Treshon.

— Conseillés ? Par qui ?

— Par ce jeune homme, là-bas… (Le souverain du peuple de la mer montra Jhary-a-Conel qui, assis près de Katinka van Bak, parlait avec elle à voix basse.) Il nous a rendu visite, il y a environ un mois, pour tracer les grandes lignes du plan que nous avons suivi.

Ilian sourit.

— C’est qu’il est doté d’un grand savoir, ce jeune homme.

— Si fait, madame.

Ilian plongea la main dans son escarcelle, sentit sous ses doigts les arêtes vives de la gemme. Et, après avoir pris congé pour l’heure du Roi Treshon, ce fut d’une humeur pensive et à pas lents qu’elle regagna l’endroit où Jhary était toujours assis au chevet de Katinka van Bak.

— Vous m’avez dit de garder précieusement le joyau. (Elle le sortit de sa bourse et le montra.) Voilà.

— Je suis content de le voir. Je craignais qu’il n’ait été remporté là où gît maintenant le cadavre de Kalan !

— En gros, c’est vous qui avez mené les choses ici, n’est-ce pas ?

— Mené ? Que nenni. J’ai servi, voilà tout. J’ai fait ce que j’avais à faire.

Jhary était très pâle. Elle remarqua qu’il tremblait.

— Vous êtes mal ? Auriez-vous souffert pire blessure que nous ne pensions ?

— Non, mais ces forces qui ont arraché Arioch et Ymryl à votre monde sont, semble-t-il, en train d’exiger qu’à mon tour je le quitte. Nous devons nous hâter d’atteindre la grotte.

— Quelle grotte ?

— Celle où nous nous sommes rencontrés. (Jhary se leva et courut à son cheval jaune.) Prenez n’importe quelle monture. Et deux guerriers pour porter la litière de Katinka. Que Yisselda d’Airain vous accompagne. Vite, à la caverne !

Il était déjà parti.

La litière était presque prête, vit Ilian. Elle informa Yisselda de ce que Jhary avait dit et elles se mirent en quête de montures.

— Mais pourquoi suis-je toujours en ce monde ? s’interrogea tout haut Yisselda, le front barré d’un pli. N’aurais-je pas dû retourner avec Kalan dans celui où il me tenait prisonnière ?

— Vous ne sentez rien ? Rien qui vous arrache d’ici ?

— Rien.

Une impulsion, et Ilian se pencha vers Yisselda, lui effleura la joue d’un baiser.

— Adieu ! dit-elle.

— Vous ne venez pas avec nous à la caverne ? s’étonna la jeune femme.

— Si. Mais j’avais envie de vous dire au revoir. Je ne sais pourquoi.

Ilian sentit la paix descendre sur elle. De nouveau, elle toucha le joyau noir dans sa bourse. Elle sourit.

 

Jhary-a-Conel les attendait sous la voûte de la caverne. Il avait l’air encore plus las que tout à l’heure, serrait contre sa poitrine le petit chat noir et blanc.

— Ah ! J’ai cru que je n’y arriverais jamais.

Lyfeth de Ghant et Mysenal de Hinn avaient insisté pour porter la litière de Katinka van Bak. Ils s’apprêtaient à entrer dans la grotte quand Jhary les arrêta.

— Désolé. Vous devez rester ici. Au cas où Ilian ne reviendrait pas, il vous faudra élire un nouveau dirigeant.

— Un nouveau dirigeant ? Que comptez-vous faire d’elle ? (Mysenal bondit, la main sur le pommeau de sa lame.) Quel mal la menace dans cette caverne ?

— Nul mal. Mais son âme est toujours dans la gemme de Kalan… (Jhary était en sueur. Il hoqueta, secoua la tête.) Là, je ne puis vous expliquer. Croyez que je ferai tout pour protéger votre reine…

Et il s’engouffra dans la bouche d’ombre derrière Yisselda et Ilian qui portaient maintenant la litière.

La profondeur de la grotte surprenait Ilian. C’était comme un tunnel qui aurait traversé la montagne. Et il y faisait de plus en plus froid. Elle ne disait rien, pourtant, ayant toute confiance en Jhary.

Elle ne se retourna qu’une fois, quand elle entendit Mysenal, excité, crier dans les lointains :

— Nous ne vous reprochons plus rien, Ilian ! Vous êtes absoute…

Et elle s’interrogea sur cette urgence dans la voix du jeune homme, se demanda pourquoi il était si pressé de lui exprimer un pareil sentiment. Non que c’eût pour elle grande importance. Elle connaissait sa faute ; ils n’y pourraient rien changer par leurs paroles.

Et puis, de sa litière, Katinka van Bak dit faiblement :

— N’est-ce pas l’endroit, Jhary ?

Il fit oui de la tête. Depuis que la lumière du jour avait disparu, il portait une boule étrange… une sphère rayonnante de lumière. Il la posa sur le sol de la caverne et Ilian étouffa un cri. Gisait là le cadavre d’un bel homme de grande taille vêtu de fourrures. Pas de blessure apparente, rien qui indiquât les causes de la mort. Et ce visage lui rappelait celui d’un autre. Elle ferma les yeux.

— Hawkmoon… murmura-t-elle. Mon nom…

Yisselda sanglotait. Elle était tombée à genoux près du corps.

— Dorian ! Mon amour ! Mon amour ! (Elle releva la tête, regarda Jhary-a-Conel.) Pourquoi ne m’avez-vous rien dit ?

Jhary ne lui prêta nulle attention et se tourna vers Ilian qui, saisie d’un vertige, s’était adossée à la paroi.

— La gemme, dit-il. Le Joyau Noir, Ilian. Donnez-le-moi.

Et, dans la bourse où ils cherchaient la pierre, les doigts d’Ilian trouvèrent quelque chose de chaud, qui vibrait.

— C’est vivant ! dit-elle. Vivant !

— Oui. (La voix de Jhary n’était plus qu’un souffle ténu, pressant.) Vite. Agenouillez-vous près de lui…

— De ce cadavre ?

Elle eut un mouvement de recul, de dégoût.

— Faites ce que je dis ! (Avec le peu de forces qui lui restaient, Jhary écarta Yisselda du corps d’Hawkmoon et fit s’agenouiller Ilian. Elle se laissa faire avec répugnance.) Bien. Posez la pierre sur son front… là où vous voyez une cicatrice.

Tremblante, elle exécuta l’ordre.

— Votre front, maintenant. Appliquez-le sur la gemme.

Elle se pencha, son front toucha le joyau palpitant, et soudain, elle se sentit tomber, plonger au travers de la gemme, et pendant qu’elle y tombait, quelqu’un tombait à sa rencontre… comme si elle était précipitée vers son reflet dans un miroir. Elle hurla…

Entendit le faible « Adieu ! » de Jhary, voulut y répondre mais ne le put. Encore et encore elle tombait, dans des couloirs de sensations, de souvenirs, de faute et de rédemption…

Et elle fut Asquiol et elle fut Arflane et elle fut Alaric. Elle fut John Daker, Erekosë et Urlik. Elle fut Corum et Elric, et elle fut Hawkmoon…

— Hawkmoon ! crièrent ses lèvres, et c’était un cri de guerre.

Elle combattit le Baron Meliadus et Asrovak Mikosevaar à la Bataille de Kamarg. Combattit de nouveau Meliadus à Londra, et Yisselda était à ses côtés. Elle et Yisselda promenèrent leur regard sur le champ de bataille quand tout fut fini et virent que, de leurs camarades, eux seuls avaient survécu…

— Yisselda !

— Je suis là, Dorian. Je suis là !

Il ouvrit les yeux et dit :

— Ainsi Katinka van Bak ne m’a pas trahi. Mais quel détour pervers pour m’amener jusqu’à toi ! Pourquoi avoir concocté un stratagème si complexe ?

— Vous le saurez peut-être un jour mais pas par moi, chuchota Katinka de sa litière, car je dois ménager mon souffle. J’ai besoin de vous deux pour m’emmener hors de ces montagnes, jusqu’en Ukranie où je veux mourir.

Hawkmoon se leva. Il était horriblement raide, comme s’il gisait ici depuis des mois. Il vit le sang sur les pansements de Katinka.

— Vous êtes blessée ! Ce n’est quand même pas moi qui vous ai frappée ? Ou je ne m’en souviens pas… (Il porta la main à son front, y sentit quelque chose de chaud mais n’en retira ses doigts que pour les voir nimbés d’une vague et sombre aura qui scintilla un moment avant de disparaître.) Qui alors… Jherek ? Sûrement pas…

Katinka van Bak sourit.

— Non. Yisselda vous expliquera comment c’est arrivé.

Une autre voix de femme, douce et vibrante, monta derrière lui.

— Cette blessure lui vient d’avoir aidé à sauver un pays qui n’était pas le sien.

— C’est loin d’être la première qui ait ce motif, dit Hawkmoon en se retournant sur un visage d’une extraordinaire beauté, empreint cependant de tristesse, d’une tristesse qu’il sentait pouvoir définir s’il réfléchissait un instant. Nous sommes-nous déjà rencontrés ?

— Oui, répondit Katinka. Mais il va falloir vite vous séparer, maintenant, car il risque de se produire d’autres ruptures si vous occupez trop longtemps le même plan. Suivez mon conseil, Ilian de Garathorm. Repartez tout de suite. Retournez vers Mysenal et Lyfeth. Ils vous aideront à restaurer votre monde.

— Mais… (Ilian hésita.) J’aimerais parler un peu plus longuement avec Yisselda et ce Hawkmoon.

— Vous n’en avez pas le droit. Vous êtes deux aspects du même être. Votre rencontre n’est possible qu’en certaines circonstances. C’est Jhary qui me l’a dit. Rentrez à Garathorm. Dépêchez-vous !

À contrecœur, la belle jeune femme se tourna dans le balancement de sa chevelure d’or, le bruissement métallique de son armure de mailles. Elle s’enfonça dans l’ombre et, bientôt, cessa d’être visible.

— Où mène ce tunnel, Katinka van Bak ? demanda Hawkmoon. En Ukranie ?

— Non, pas en Ukranie. Et sous peu, il ne mènera nulle part. J’espère que tout ira bien pour cette demoiselle. Il y a tant à faire là-bas. Et quelque chose me dit qu’elle reverra Ymryl.

— Ymryl ?

Katinka van Bak soupira.

— Je vous ai dit que je ne pouvais gaspiller mon souffle. J’en ai besoin pour me maintenir en vie jusqu’en Ukranie. Pourvu que le traîneau soit toujours où nous l’avons laissé.

Hawkmoon haussa les épaules et tourna un regard tendre vers Yisselda.

— Je savais que tu étais vivante. Ils me traitaient tous de fou, mais j’avais la certitude de te retrouver.

Ils s’enlacèrent.

— Oh, Dorian. J’ai vécu de telles aventures.

Maussade, monta la voix de la mourante :

— Vous lui en parlerez plus tard. Maintenant, ramassez-moi cette civière et qu’on rejoigne ce traîneau !

En se baissant pour prendre sa part des brancards, Yisselda demanda :

— Comment vont les enfants, Dorian ?

Et s’interrogea sur le silence où s’enferma Hawkmoon jusqu’à leur sortie du tunnel.

 

 

Ici finit la Seconde Chronique de la Nouvelle Légende de Hawkmoon.

 

Achevé d’imprimer en novembre 1989

sur les presse de l’imprimerie Bussière

à Saint-Amand (Cher)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Presses Pocket – 8, rue Garancière – 75285 Paris

 

- N° d’imp. 10090 –

Dépôt légal : décembre 1989

 

Imprimé en France

 

Le Champion de Garathorm
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